Les autres supports de diffusion du cinéma
Une partie du public du monde n'a pas accès aux films via la salle de cinéma, mais uniquement via les écrans de télévision ou d'ordinateur.
Alors pourquoi ne pas choisir de regarder le succès des films via les passages à la télévision, les téléchargements pirates ou les visionnages en SVOD?
En fait la démarche de se déplacer et de payer pour voir un film est plus révélateur d'un choix de la part de celui qui visionne le film,
et donc d'un réel reflet d'une envie. Il est en effet rare d'aller voir un film au cinéma pour en rater le début,
parler au téléphone à la moitié et faire la vaisselle pendant le dernier tiers, contrairement à la télé...
Dans une famille, le choix du programme télé exclut une partie de la production (violence, complexité de l'histoire ou du récit, subtilité psychologique, ...)
pour se rabattre sur des programmes plus accessibles lorsqu'il sont visionnés sur un écran familial,
avec un consensus qui ne reflète pas toujours une envie.
Cependant, la télé reflète aussi de vraies envies de la part des téléspectateurs, plus difficiles à analyser. Par exemple, on voit bien
que l'explosion au box-office France des Bronzés 3 ou encore de La menace fantôme est dû au succès télé (et vidéo) des épisodes précédents,
découverts par beaucoup sur leur écran télé et non en salle de cinéma.
C'est donc aussi un indicateur de popularité d'un film, et notamment de sa durée de vie post-exploitation en salle.
Les ventes et les locations de cassettes, DVD et Blue-ray étaient intéressantes à connaitre, mais ces supports n'ont pas duré très longtemps
(une vingtaine d'années pour la VHS, et autant pour les DVD et Blueray, avec un pic et une chute en quelques années,
des fluctuations bien plus rapides que celles des entrées en salle), et la belle période de la location n'a pas duré. La VOD prend le relais
(pour combien de temps?), et il serait tout de même intéressant de connaitre les chiffres de tous ces modes de diffusion par film
depuis le début des années 80.
Pour ce qui est des ventes de vidéos cassettes, il semble que les films familiaux ont été de grands gagnants.
Cependant l'arrivée tardive dans l'Histoire du cinéma de ce mode de diffusion en a exclus des films anciens, succès à leur sortie mais oubliés
lors de la période VHS, DVD ou blueray (ou VOD maintenant) alors que la salle est la seule diffusion existant depuis les débuts du cinéma
et jusqu'à présent.
Ceci dit VHS, DVD, Blueray et VOD sont d'autres sujets, qu'il serait intéressant à explorer aussi, bien que le reflet d'une courte période.
La SVOD serait intéressante à mesurer, à l'heure des écrans individuels, où là le choix correspondra mieux au goût du public, mais d'une part
les données ne sont pas communiquées à grande échelle et sur tous les opérateurs,
et d'autre part il faudrait connaitre les visionnages réels (de A à Z), en excluant le zapping de curiosité sur 5 minutes permis par la gratuité et
la simplicité d'accès, afin de connaitre les films réellement regardés, et enfin c'est un support tout nouveau ne permettant pas de comparer dans le temps.
Et avec l'organisation actuelle de la SVOD, les oeuvres diffusées ne le sont pas en fonction des attentes des clients et de leur succès auprès du public,
mais d'accords commerciaux : imaginez un cinéma Pathé ne diffusant que des films Pathé (et ne pouvant pas diffuser autre chose),
quand l'UGC lui ne diffusera que ses oeuvres, avec un spectateur devant être abonné au circuit de distribution afin d'entrer en salle...
on mesure alors autant la force du circuit de distribution que le succès des films diffusés.
Cependant, c'est assez injuste de ne pas parler du succès d'oeuvres audiovisuelles car elles n'ont pas été diffusées en salle.
Comme on le voit, le succès d'un film ne se résume pas à sa carrière en salle.
Mais le triomphe de sa carrière en salle reflète bien une réelle envie du public, à une certaine époque.