On peut voir qu'il y a un plafond de verre à 15 millions d'entrées, extrêmement difficile à franchir.
Avant Titanic, on pensait même que le score de La grande vadrouille ne pourrait plus être battu. Un box office de 15 millions d'entrées France paraissait impossible à réaliser en une seule sortie (la fréquentation avait été très basse dans le début des années 90), et l'époque des grosses reprises paraissait se terminer (même les dessins animés de Disney finissaient par sortir en cassette vidéo, généralement après une ultime grosse reprise en salle, Canal + avait diffusé tous les classiques, les chaines privées gratuites étaient arrivées, et les "films qu'on ne verrait jamais à la télé" finissaient par passer sur les chaines gratuites)(cependant il y eut tout de même encore quelques grosses reprises, de films pourtant passés à la télévision gratuite, telle "La guerre des étoiles" en 1997 avec un montage inédit, puis lors de la brève période des conversions 3D).

10,5 millions est un autre palier très rare, moins de trois fois par décennie en moyenne.

7,5 millions est déjà plus accessible, près d'un film par an en moyenne (ce qui reste quand même remarquable!).

Il y a plus d'écart entre le premier et le sixième qu'entre le 18ième et le 200ième! Cela permet de relativiser l'importance de la place dans ce classement... Les premiers sont vraiment très très loin devant la second moitié.

On voit très bien les paliers des 15 millions, des 10,5 millions, et des 8 millions d'entrées, avec au-dessus de chacun de ces paliers une augmentation de la pente de la courbe.

Voici représenté par année de sortie le cumul des entrées des films présents dans le top 200.

Et voici représenté par année de sortie le nombre de films présents dans le top 200 France depuis 1945.

On peut constater sur les deux graphiques la baisse au cours des années 60 puis 70, avec un plus bas fin des années 70 - début des années 80. Cette baisse suit logiquement la baisse de la fréquentation globale de l'époque.

Ce qui peut paraitre curieux est que la baisse de la fréquentation a continué jusqu'aux années 90, alors que la courbe remonte : la différence s'explique donc par une plus grande concentration des entrées, le public est alors prêt à se déplacer, mais sur des films évènements, ce qui explique la lente remontée au fil des années 80. Le nouveau creux du début des années 90 correspond à la pire période de fréquentation depuis 1945, nettement plus basse que lors du creux de 1980 (voir la page sur la fréquentation des cinémas en France), mais la concentration des spectateurs explique que les courbes soient au même niveau pour le top 200.
A noter aussi que sur les années 70, la courbe des entrées baisse plus nettement que la courbe du nombre de films : les succès sont moins forts en plus d'être moins nombreux.

Puis on a une très belle période de remontée et un palier haut, en gros de la moitié des années 90 jusqu'au tout début des années 2010. C'est une période où les entrées restent concentrées sur certains titres en plus d'avoir une belle remontée de la fréquentation. De plus on est en pleine période de succès de plusieurs franchises qui placent plusieurs de leurs films dans le top 200 en seulement quelques années :
- Star Wars (3 films, de 1999 à 2005; et plus en 1997 avec l'Edition spéciale de La guerre des étoiles qui lui a permis d'intégrer le top 200 mais cela compte pour 1977; il en placera deux autres mais en 2015 et 2017).
- Taxi (3 films de 1998 à 2003).
- Astérix (3 films de 1999 à 2008).
- Le seigneur des anneaux (3 films de 2001 à 2003).
- Harry Potter (8 films de 2001 à 2011).
- Spider-man (2 films de 2002 à 2007, le second film est à la porte du top 200 1945 dont il a été éliminé il y a peu).
- Shrek (2 films en 2004 et 2007, les second et troisième, ce dernier étant près de la porte de sortie).
- Pirates des Caraïbes (2 films en 2006 et 2007, les second et troisième films).
- L'âge de glace (3 films de 2006 à 2012, du second au quatrième qui déborde un peu de la période).

Alors même que la fréquentation reste élevée, avec la fin de ces séries (ou de leur succès hors norme), il y a eu un grand trou de champions du box office. Marvel et DC n'ont pas remplacé ces franchises, placant plein de films dans les top 20 annuels mais pas au niveau des champions du top 200 depuis 1945, seul Endgame y a réussi, lors de la superbe année 2019. Le retour de Star Wars a ramené deux films. Le Hobbit et Les animaux fantastiques, tout en étant des très gros succès, n'ont pas été hors normes comme leurs ainés. Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu a placé deux épisodes, arrivera-t-il à en placer un troisième?

Il y a 90 films américains, 84 films français (et coproductions) et 26 films d'autres nationalités.
Les films français et les films américains ont été assez bien répartis au cours du temps, mais depuis une dizaine d'années, les films américains sont nettement plus nombreux.
Les autres nationalités sont britanniques, italiennes, néo-zélandaises, autrichiennes, australienne, d'Afrique du sud. Donc essentiellement européennes (21 films), quatre films d'Océanie, un seul film d'Afrique et aucun film des Amériques hors USA ou d'Asie. Elles sont aussi nombreuses au cours du temps, mais seuls deux films ont été des mégas triomphes et c'était il y a très longtemps ("Le pont de la rivière Kwai" et "Il était une fois dans l'ouest").
Les coproductions françaises sont avec l'Italie (très nombreuses, mais c'était dans les années 50 et 60 essentiellement, la dernière datant de 1973), l'Espagne, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, la Grande-Bretagne (une seule fois, pour "La grande vadrouille"), et le Mexique (pour "La chèvre").

Voici présenté les 50 films qui sont les plus proche de sortir du top 200, au 1er janvier 2020, selon leur période de sortie et leur nationalité. Les "films français" incluent les coproductions.

On voit que les films français sont minoritaires, et plutôt anciens (sur 20 films français, seuls 4 sont depuis 1995 et 3 depuis 2009).
En dehors du contexte de la nationalité, les différentes périodes sont équitablement représentées.
Quelques rares films (très vieux comme très récent) peuvent encore progresser légèrement dans les années à venir.
En 2030, la barre d'entrée pourrait être à 5,7 millions d'entrées (ce n'est qu'un pari personnel fait en début 2021, on verra si j'ai été pessimiste ou optimiste).

Certes, c'est assez arbitraire pour certains films, le genre "comédie" se déclinant sous plein de formes, et certains films sont d'aventure, romantique, d'animation, etc avec une tonalité humouristique, subjectivement je les ai classé ou pas parmi ces comédies. Mais cela donne un aperçu de l'évolution du genre parmi les champions du box office français, comme on entend souvent la remarque que seules les comédies marchent parmi les films français (ce qui est faux d'ailleurs).

La comédie est un style qui ne se démode pas, qui a toujours plu et plait toujours en France.
C'est environ un tiers des plus gros succès depuis 1945 (incluant des comédies d'aventure, d'animation, etc), ce qui fait à la fois beaucoup et à la fois laisse deux tiers pour le reste, finalement pas tant que ça de comédies vu la variété de styles de comédies.
La plupart sont des films français, quelques films américains dans le domaine de l'animation (plus "Le dictateur"), et aussi le seul film australien et le seul film d'Afrique du sud.

Voici représenté pour chaque année par un point les films d'animation présents dans le top 200 France sortis depuis 1945, par année de première sortie. Je n'ai pas pris en compte les films avec de l'animation et des acteurs (Minimoys et Roger Rabbit), et on aurait pu ajouter Blanche-Neige sortie initialement en 1938, et qui a fait plus de 18 millions d'entrées depuis 1944. Cela fait 32 films sur 200.

Ce n'est pas visible sur le graphique : tous les succès du XXième siècle sont des Disney.
On constate facilement que les plus gros succès sont essentiellement les classiques Disney anciens, aux multiples reprises à succès (attention, on voit aussi que d'autres anciens Disney n'ont pas fait plus que les champions récents malgré de nombreuses exploitations, sans compter bien sûr tous ceux hors top 200).
Et également on voit bien l'augmentation du nombre de films d'animation champions tout temps. L'offre a beaucoup augmenté aussi, et autrefois on ressortait un ancien Disney pour Noël quand maintenant plusieurs nouveautés en animation se concurrencent. Résultat, au fil des décennies il y a plus de films d'animation parmi les champions du top 200, mais leur succès est moins élevé.
On notera aussi le creux des années 80.

C'est le fantastique au sens large : la science fiction, les contes merveilleux, la comédie jouant avec le fantastique, l'horreur diabolique et le péplum à miracles, etc.
J'ai eu quelques hésitations : j'ai inclus "Les 10 commandements" (l'ouverture de la Mer rouge etc, dont le côté fantastique était mis en avant dans les publicités, même si c'est historique pour les croyants) mais pas les Don Camillo (à qui la statue de Jésus sur la croix répond mais qui est très comédie sociale sans ambiance fantastique). J'ai gardé "Les visiteurs" (qui est avant tout une comédie, mais basé sur un thème classique du fantastique). Côté animation, je n'ai pas inclus tous les films avec des animaux qui parlent (Le livre de la jungle, etc), tout en gardant ceux dont l'histoire a un côté fantastique (Cendrillon, Pinocchio, Shrek, Les Minions, etc).
Cela fait 59 films sur 200.

C'est très visible sur le graphique : le fantastique est devenu à la mode!
Très peu de films lors des trois premières décennies, et de plus pour la plupart des films qui ont fait une partie de leurs entrées après 1975.
La mode a vraiment décollé dans les années 90, notamment la dernière partie, avec des franchises à méga succès (8 "Harry Potter", 5 "Star wars", 3 "Astérix", 3 Seigneur des anneaux", 2 "Shrek", 2 "Indestructibles", 2 "Spiderman", 2 "Pirates des Caraïbes"). C'est devenu le genre phare des champions du box office français, dépassant les comédies dans les années 90-2000, et si maintenant (avec la fin de certaines franchises, et le déclin de d'autres) c'est de nouveau le jeu égal avec les comédies, cela est devenu durablement un genre majeur pour faire un score hors norme.
Le genre est essentiellement anglosaxon, et les quelques méga succès français sont des comédies fantastiques, où parfois le fantastique est un prétexte (seul Besson avec les Minimoys n'a pas fait purement une comédie, son "Cinquième élément" lui étant tout autant une comédie qu'un film d'aventure fantastique).