Basé sur un fait divers récent, un an et demi avant la sortie du film, le suicide d’une professeur ayant eu une liaison amoureuse avec son élève lycéen et condamnée à de la prison pour cela, fait divers qui avait eu un retentissement marquant à l'époque, mais juste avant la sortie du film (et de la chanson de Charles Aznavour), il est un peu oublié du grand public, et ce drame avec Annie Girardot n’est qu’une sortie parmi d’autres en ce mois de janvier 1970.
Annie Girardot est déjà connue, mais aucunement garante de succès au box office, et de plus ses derniers succès sont des comédies.

Dans une semaine creuse, le film sort le 19 janvier en onzième position, avec 65 676 entrées. Rien de notable donc. Mais dès sa seconde semaine, le film explose avec la première place et 296 636 entrées!
Et le film fait parler de lui, en bien comme en mal, réveillant l’époque du procès réel, ce qui attire la curiosité, et une magnifique troisième semaine à 420 384 entrées!
Et il se maintient très bien, avec encore 422 951 entrées, c’est le film dont on parle, plus pour le fond que pour la forme (en dehors de l'interprétation d'Annie Girardot qui fait l'unanimité). Les 1,2M sont déjà dépassés.
Et en cinquième semaine, il fait encore mieux, avec 456 561 entrées. Non seulement le film fait parler de lui pour son fond sociétal, mais également il plait à la grande majorité du public qui le recommande.

Les médias prennent le train en marche, avec le succès public du film (par exemple ici, la couverture de l'hebdomadaire "L'express", un mois après la sortie du film), ce qui entretient l'intérêt pour le film.

Couverture de l'Express avec Annie Girardot dans "Mourir d'aimer".

Avec 391 590 entrées, le film passe les 2M d’entrées en 6 semaines. On en attendait pas tant en fin de carrrière.

Et le film réalise une carrière exceptionnelle, ne baissant pas, avec 381 236 entrées, puis 341 440 entrées, et 314 611 entrées de plus, lui faisant passer les 3M de cumul, en semaine 9. Une telle régularité est la preuve d'un bouche à oreille excellent, et si sur ses deux premiers mois on peut parler du phénomène sociétal et du débat, le film attire maintenant un public qui a entendu parler positivement du film en tant que tel.
En dixième semaine, il est encore premier hebdomadaire, avec 279 576 entrées (malgré depuis deux semaines « Love story », autre histoire d’amour dramatique, même si sans débat sociétal, qui est un giga succès aux USA). Cela fait 9 semaines de suite que "Mourir d'aimer" est premier!
En onzième semaine, il passe derrière « Love story » qui monte en puissance, mais « Mourir d’aimer » reste second avec encore 228 573 entrées (le public aime les drames amoureux en cette année 71), et les 3,5M sont déjà dépassés.
Le film poursuit sa carrière à un beau niveau, avec encore 207 298 entrées (passant troisième derrière un De Funès « Sur un arbre perché ») soit 12 semaines au-dessus des 200 000 entrées!

Puis il poursuit sa carrière encore haut, à 153 976 entrées, et stable à 153 123 (et les 4M franchis)(restant troisième suite à la sortie du dernier Belmondo avec Marlène Jobert, mais passant devant De Funès).
Avec l’aide du 1er mai, il monte à 160 857 entrées, encore troisième en 15ième semaine !
Puis c’est encore 136 087 entrées, 111 608 entrées, et les 4 ,5M de passés, 129 970 entrées et encore quatrième en semaine 18, et enfin 100 552 entrées, soit 18 semaines consécutives (à partir de sa seconde semaine) au dessus des 100 000.

Puis il chute rapidement, passant à 70 183 entrées début juin puis 35 094 entrées. Avec un cumul de 4 857 982 entrées, c’est un immense triomphe inattendu, qui a apporté un débat public sur l’âge du consentement sexuel (en 1969 l'affaire sur laquelle est basée le film avait déjà suscité des réactions politiques sur la justice). Et le film est en juin le plus gros succès des sorties du premier semestre.
Deux semaines plus tard, il n’est plus qu’à 15 448 entrées, et il cumule 4 900 254 entrées. Sa carrière paraît en fin de vie.
Mais avec l’arrivée de l’été et son trou de programmation, le film est rediffusé, et il remonte en juillet dans le top 10! Dépassant les 20 000 puis les 35 000 puis les 45 000 entrées hebdomadaires, grâce à quoi les 5M sont franchis fin juillet. Les 55 000 sont même dépassés en août, et mi-septembre ce sont les 5,3M qui sont franchis.
Il ne quitte le top 30 qu’en octobre, avec 5 418 568 entrées, il y aura passé 38 semaines consécutives! Il aura eu du succès bien au-delà de la polémique politique créée.

Fin 1971, il atteint 5 573 959 entrées, premier de l’année, et 5 586 627 après un an, et il sera finalement troisième des sorties de 1971 (derrière « Les aristochats » et « Les bidasses en folie » sortis en fin d’année, mais devant « La folie des grandeurs » et « Love story »).
De 1973 à 1975, le film attire 176 369 entrées, puis sa carrière est quasiment finie (diffusion à la télévision en 1976?), alors que les autres très gros succès au-dessus des 4M de cette année-là auront une carrière après 1975 (plus de 400 000 entrées supplémentaires pour "Les bidasses en folie", plus de 380 000 pour "La folie des grandeurs", plus de 750 000 pour "Love story", 200 000 pour "Le casse", et je ne parle pas des "Aristochats" qui est à part...).

"Mourir d'aimer" est le second film champion du box office relatant une histoire d'amour passionnelle et dramatique au travers d'un cas judiciaire réel, avec "La vérité" (5,7M d'entrées) sorti 11 ans plus tôt; dans les deux cas les fims succitèrent des débats enflammés sur la liberté et la morale en matière de relation sentimentale et sexuelle, dans les deux cas ce sont des femmes qui sont accusées.

Progression LABORIEUSE.
Moins de 500 entrées en cinq ans.