Chiffres provenant du CNC (sauf précision).
N° |
Titre |
Année de sortie |
Entrées |
Pays |
1 |
Titanic |
1998 |
21 798 906 |
 |
On l'a peut-être oublié, mais Titanic était un pari très risqué, et nombreux furent ceux qui lui prédirent un échec financier,
voire une catastrophe titanesque. En effet, le budget du film était monstrueux (énorme dépassement du budget déjà très élevé à la base,
report de 5 mois de la sortie à cause des retards pris), devenant le film le plus cher d'Hollywood (en $ courant).
Le film fut très critiqué avant d'avoir été vu par quiconque,
et personne ne misait dessus (la Fox partagea même les droits avec la Paramount pour minimiser les risques de perte);
qu'il rembourse son budget était le maximum espéré des plus optimistes.
Titanic sortit juste avant Noël aux USA; mais avec une durée de 3h30, un genre démodé,
et des polémiques médiatiques négatives au cours du tournage, le flop était à craindre.
Il n'en fut rien : sans faire un score hors norme, le démarrage fut très bon, légèrement devant le nouveau James Bond, sur un peu moins de salles.
Puis une belle carrière pendant les vacances, le film était un succès, ouf!
C'est après les vacances que le phénomène hors norme commença, avec des baisses modérées pendant des mois
(lui permettant de rester n°1 pendant 15 semaines!).
C'est à ce moment que le film sort en France (7 janvier), pas spécialement une bonne période,
avec encore la concurrence des gros films sortis au moment des vacances, sans pour autant profiter de la forte fréquentation des vacances,
mais avec désormais une bonne réputation suite à sa sortie américaine.
Et dès sa première semaine, le film est un très gros succès (vu la semaine) : plus de 1,7 millions d'entrées, sur seulement 564 salles,
et peu de séances par jour vu sa durée, certaines salles ont refusé du monde.
C'est la première fois qu'en janvier un film passe les 1,5 million d'entrées hebdomadaire! Vu les bons retours des premiers spectateurs,
les 5 millions paraissent jouables.
Seconde semaine, on passe à 636 salles, et le film progresse, au delà des 1,9 million d'entrées, la moyenne par séance reste de folie,
là encore on refuse du monde alors qu'on est dans une période habituellement creuse. L'emballement médiatique arrive,
on commence à parler de phénomène, la musique cartonne à la radio, Titanic est désormais l'évènement culturel du moment.
On peut rêver aux 8 millions même si c'est loin d'être gagné.
Il continuera à progresser petit à petit en nombre de salles jusqu'à 742 salles (un nombre classique pour un très gros succès) en semaine 9.
Au niveau des entrées, là où il a été hors norme, c'est qu'en dehors de toute arrivée de vacances
il s'est maintenu au-dessus des 1,5M pendant 5 semaines, alors qu'aucun film n'avait atteint 1,5 million hebdo en janvier,
il l'a fait sur les 5 semaines!
Il en était alors à 8,6 millions.
Arriva la méga concurrence avec Les visiteurs 2, qui truste (à priori) toutes les attentes, et ne déçoit pas le box office avec plus de 2,6 millions
pour sa première semaine. Et malgré ça, l'appétit pour Titanic est toujours aussi grand, il ne perd que 13% et affleure les 10 millions!
Là on ne sait plus ni quand ni qui l'arrêtera...
Et effectivement, après deux semaines, il récupère sa place de numéro 1 hebdo, en étant plus haut en semaine 8 qu'en semaine 6!
Il en est à près de 12,9 millions de spectateurs en France.
Il devient dès lors possible que le record de La grande vadrouille tombe, chose inimaginable début 1998,
ce record paraissait imbattable à l'époque de Canal+ et des cassettes vidéos triomphantes.
Le seul film à avoir dépassé les 10,3 millions depuis les années 60 était justement "Les visiteurs"
(dont la suite aurait pu théoriquement donner le coup de frein à la carrière de "Titanic")
et "Les visiteurs" était encore très loin derrière "La grande vadrouille", avec 3,5 millions d'entrées de moins.
De plus "Les visiteurs" avait tenu l'affiche pendant des mois de manière totalement hors norme, et on pensait ce phénomène "visiteurs"
déjà l'ultime représentant des longues carrières (avec le nouveau règne des cassettes vidéos), et 5 ans plus tard lors de la sortie de "Titanic"
le marché de la cassette vidéo était au sommet ("Titanic" sort en vidéo dès 9 mois après sa sortie en salle),
limitant théoriquement le nombre de revisionnages, et déplacant encore plus une partie du public de la salle vers la vidéothèque.
Mais aucun iceberg ne l'arrête, et il bat La grande vadrouille en semaine 12.
Plus de 3 mois après sa sortie (semaine 14) il est encore premier hebdomadaire en France.
Il dépasse les 20 millions en semaine 23 (chiffres distributeurs).
Le film fut un phénomène difficilement descriptible, car il conjugua l'engouement du public cinéphage,
l'enthousiasme propre aux "films de fans" aux multiples revionnages, l'attraction du public occasionnel
(pour lequel c'était l'un des rares films annuels qui méritaient de se déplacer, y compris 6 mois après pendant les vacances d'été),
mais aussi le film qui a fait revenir en salle un public qui n'y avait plus mis les pieds depuis des années avec la multiplication de l'offre télé
(Canal+, puis les chaines privées) et la démocratisation du magnétoscope.
Egalement, ce film attira les vieux comme les adolescents, les pauvres comme les riches, les femmes comme les hommes,
il toucha toute la société française.
Et comme avec quasiment chaque phénomène aigu de mode, une fraction du public se sentit aussi contraint d'aller le voir
alors que ce n'était pas leur style, ou furent d'autant plus déçus qu'on leur avait vanté le chef d'oeuvre du siècle,
et après quelques mois un petit phénomène de haine envers le film se développa qu'il devenait tendance de ne pas aimer,
Di Caprio fut moqué, la chanson titre (qui passait et repassait à la radio) fut conspuée, etc.
Mais globalement le film fut adoré, il conforta Cameron comme cinéaste majeur, et lança la carrière de Léonardo Di Caprio (qui réussit
après quelques années à se débarrasser de l'image de star pour adolescentes, pour s'ouvrir avec succès à toutes sortes de personnages).
A fin 2000, "Titanic" cumule 20,58 millions d'entrées (chiffre CNC),
avec un écart monstrueux de 3,31 millions au-dessus du second officiel (La grande vadrouille)
(le chiffre exact de Blanche-Neige n'était alors pas encore connu).
On voit même dans l'évolution de la fréquentation annuelle l'effet des 20 millions d'entrées du film...
près d'un spectateur sur 8 de 1998 est un spectateur de "Titanic"! (malgré plusieurs autres énormes triomphes cette année-là)
En 2011, "Titanic" cumule 20 634 683 spectateurs (CNC).
En 2012, ce sont les 100 ans du naufrage du paquebot
(histoire qui passionne encore malgré la multitude de livres et documentaires consacrés au sujet depuis le triomphe du film de fiction),
et Cameron (qui a entre temps réalisé Avatar et relancé la mode de la 3D) a supervisé personnellement la conversion 3D de Titanic.
Mais le film avait très bien marché en cassettes vidéos (dès fin 1998, en moins de trois mois, Titanic avait déjà vendu 3,3 millions de cassettes
en France) et était disponible depuis longtemps en DVD.
Et il avait été diffusé sur la télévision gratuite déjà 4 fois, cumulant encore plus de téléspectateurs que de spectateurs.
De plus, alors que le film ressort le 4 avril 2012, il est rediffusé le 15 avril 2012 sur France 2 pour encore 6,2 millions de téléspectateurs.
Et malgré ça, malgré le supplément de prix de la 3D, malgré que la 3D commençait à déjà passer de mode en France, Titanic 3D fut un énorme succès,
le plus gros des reprises en 3D.
En fin 2013, il cumule 21 771 953 passagers (1 137 270 entrées de plus).
L'année de la pandémie, pour la période de réouverture, Titanic est choisi par certaines salles en projection spéciale,
avec succès puisque le film cette année 2020 ajouta 20 879 entrées à son cumul.
Accueil internautes :
AC 8,6 (89 000). SC 6,8 (107 000). IMDB 7,8 (1,063M). K 8,4 (555 000). FA 6,8 (178 000). D 9,4 (1 730 000).
Film apprécié (SC et FA) ou complètement adoré (AC, K, D) selon les sites. Je n'explique pas les différences entre sites.
Comme très souvent en cas de giga succès, une partie du public a rejeté avec haine le film,
il a même été élu pire film de tous les temps 5 ans après sa sortie par les internautes du site de la BBC.
Progression pendant les cinq dernières années :
Progression FORTE grâce à une REPRISE à SUCCES.
Entre 20 000 et 50 000 entrées en cinq ans, mais au moins une année sous les 1000 entrées par an.
Grâce à de nombreuses projections ponctuelles avec un succès franc lors de la réouverture des salles en 2020 (20 879 entrées cette année-là,
et seulement 16 entrées sur 2021...)